De l’immunogénétique aux thérapies innovantes pour soigner les maladies mentales
– Pr Marion Leboyer – Dr Ryad Tamouza

Les maladies mentales, dépression, anxiété, schizophrénies, autisme… constituent le premier enjeu de santé publique du 21^ème siècle. Les outils innovants de la biologie moléculaire, de l’immunologie, de l’épidémiologie permettront de dépasser l’obstacle majeur que constitue l’hétérogénéité de ces troubles pour aller vers l’identification de formes cliniques homogènes de maladies, permettant ainsi de passer « de la mode pour tous » à la « haute couture ».  L’impact sociétal et économique de ces pathologies pourrait être réduit grâce au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant les mécanismes spécifiques qui sous-tendent des sous-groupes homogènes de maladies mentales.

Les progrès récents de la recherche en psychiatrie montrent que les maladies mentales sont dues à l’interaction entre facteurs de risque génétiques et environnementaux qui déclenche une inflammation chronique qui à son tour active différentes voies biologiques pathologiques, aux niveaux intestinal, sanguin et cérébral. Mieux connaître le terrain génétique – immunogénétique –, c’est mieux comprendre ce qui fait que nous sommes équipés, ou pas, pour nous défendre contre des facteurs de risque environnementaux. Notre équipe a montré que les maladies mentales sont associées à des anomalies de toutes les grandes étapes du contrôle de la réponse immunogénétique contre les facteurs environnementaux.

Le premier projet a été construit à partir des découvertes réalisées grâce à un financement de Cordons de Vie qui a permis de mettre en évidence les anomalies de gènes associés à des pathologies de l’intestin dans l’autisme. Le prochain projet, SYMBIAUTISM, sera axé sur le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques très prometteuses, comprenant un programme de poly-micro-biothérapie et de transplantation fécale destiné aux personnes autistes avec symptômes gastro-intestinaux.

Professeur Marion Leboyer Professeur en Psychiatrie, Université Paris Créteil Hôpital Henri Mondor APHP Créteil Directrice du Laboratoire de Neuropsychiatrie translationnelle (INSERM) et de la Fondation Fondamental, Paris, Créteil.